Métallergie

D'habitude, je suis quelqu'un de connu pour avoir des nerfs d'acier, mais ce jour-là, il faut bien le reconnaitre, j'ai pété un plomb...
Laissez-moi vous narrer cette matinée :

je n'aime pas me lever tard, métaux (mais tôt !). Comme après chaque réveil, j'avais le visage complétement étain (éteint) et les articulations légérements rouillées. Pour me faire du mal , je décidais d'aller me mirer dans la glace pour voir si j'avais une tête suffisamment acceptable pour l'exposer aux regards des premiers passants que je croiserais dans la rue.
Je n'étais pas très beau, mais laiton (l'est-on) vraiment, à cette heure matinale ?

Je décidais de fer (faire) quelque chose : Après une douche salvatrice j'en ressortais cette fois-ci avec un visage et un aspect nickel-chrome, je sentais bon.

Il ne me restais plus qu'à me rapprocher de l'évier en inox, de mettre en route la cafetière, et d'attendre que la machine distille, à la même cadence que la fonte des neiges, l'odorant breuvage que je viendrai boire bientôt, debout, comme on le fait sur le zinc.

En attendant, subissant la contrainte d'un besoin physiologique, je décidais, dans un immuable rituel quotidien, d'aller couler un bronze.
Sur mon passage, je trébuchais sur quelques objets qui trainaient sur le sol, et écrabouillait de mon pied nu, un morceau de pizza de la veille, dans son écrin de papier aluminium...
Déplotrant ce désordre et l'aspect général de mon appartement, je pensais : "Et oui, ce n'est pas l'hôtel Mercure ici, ça se voit que je n'ai pas beaucoup d'argent".

Et oui, si j'avais quelques lingos d'or, je serais probablement propriétaire d'un immense appartement, que je partagerais avec une magnifique blonde platine, à la peau cuivrée et aux seins en ogives, prêts à vous péter à la gueule, telle une explosions incandescente de tungstène en fusion ...

Mais ce n'étais pas le cas !!! je n'étais qu'un simple petit ouvrier Lorrain qui travaille à l'usine sidérurgique du coin, évoluant dans un univers de métal, du soir au matin !